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- La musique, langage universel
C’est bien connu, la musique adoucit les moeurs. Mais ce n’est pas sa seule vertu : elle ressource, apaise, et peut même avoir des bienfaits sur la santé. Les instruments, les sons et les rythmes peuvent agir positivement sur les capacités sociales, mentales et physiques des personnes. C’est pourquoi les Maisons Perce-Neige accordent à la musique une place de choix et proposent aux résidents des ateliers musicaux.
Depuis quelques mois, la Maison de Saint-Paul-en-Jarez (Loire) met à disposition de ses résidents un Bao-Pao. Sous ce nom mystérieux se cache un instrument de musique atypique, composé de quatre arcs métalliques au bout desquels se trouvent…des rayons lasers !
Patrick Bouchereau, directeur de la Maison, a découvert cet instrument dans un établissement accueillant des traumatisés crâniens. Grâce au soutien des fondations Caisse d’Épargne et Médéric, l’instrument a fait sa grande entrée dans la maison de Saint-Paul-en-Jarez !
Quatre membres du personnel ont été formés à l’utilisation du Bao-Pao et peuvent désormais accompagner les résidents, dans une démarche de découverte commune. Toutes les modalités de l’atelier ne sont pas encore fixées : l’idée est de se réunir au moins une fois par semaine. Plusieurs groupes vont être créés, par niveau. L’atelier est également l’occasion de tisser des liens avec d’autres établissements de la région qui sont invités à y participer régulièrement.
Les résidents jouent des mélodies qu’ils aiment, des chansons qu’ils connaissent depuis l’enfance : Édith Piaf, Johnny Hallyday, Claude François… Une chanson peut se jouer seul, à deux, à quatre… À chacun son utilisation du Bao-Pao : certains sont intéressés par les sons, d’autres par la musique !
Les effets de l’atelier sont déjà très positifs : certains résidents arrivent à rester concentrés pendant 1 h 30 ! Maxime, Aide Médico-Psychologique qui coanime l’atelier, constate : « Les résidents sont très sensibles à la musique et attendent toujours les séances avec impatience. Quel que soit leur handicap, ils prennent tous beaucoup de plaisir à jouer avec le Bao-Pao ».
Les arcs sont reliés à un système informatique : sons et morceaux y sont programmés à l’avance sur un ordinateur, pour une interprétation musicale assistée. Pour produire un son, le musicien doit traverser le rayon laser qui part d’un des arcs à l’aide d’une baguette ou de son doigt. Plus il bat doucement, plus le rythme est lent, plus il bat vite, plus il est rapide !
Des origines exotiques, peut-être ? En réalité, ce nom désigne « Baguette Assisté́e par Ordinateur » (BAO) et « Puce À̀ l’Oreille » (PAO), du nom de l’association à l’origine de cet instrument. Mais il laisse libre cours à l’imagination, alors… à vos interprétations !
La Maison d’Accueil Spécialisée de Condorcet (Drôme) accueille des personnes polyhandicapées. Les activités multisensorielles y occupent une place centrale. Elles permettent aux résidents de composer de la musique à leur rythme. Ce support peut s’adapter à chacun en tenant compte de ses capacités. Depuis novembre, la Maison Perce-Neige a fait l’acquisition d’un orgue sensoriel, afin de permettre à chacun de jouer de la musique.
La Maison de Colombes (Hauts-de-Seine) propose un atelier musique à ses résidents. Chaque semaine depuis un an, Yann vient faire jouer et chanter ces musiciens en herbe. Munis de leurs percussions, ils laissent s’exprimer leur créativité musicale. Avec le sourire, toujours !
« Un vrai petit orchestre ! »
Depuis l’arrivée de Yann, les résidents ont fait beaucoup de progrès : après les « cafouillages » des débuts, ils arrivent aujourd’hui à être synchronisés et en rythme. « Je les ai vus évoluer, un rapport de confiance s’est installé », observe Yann. Ils se retrouvent autour de chansons qu’ils connaissent et apprécient : depuis « I Will survive » aux « Champs-Élysées » en passant par « La ballade des gens heureux »… « Ils évoluent à chaque fois. Je le vois à leurs sourires ! »
Pour Yann, « grâce la musique, les barrières tombent. Les interactions entre les résidents sont grandes. » Ils parviennent à être dans l’écoute de l’autre. « Le temps d’une heure, ils sont différents », observe Yann. Pour lui, cet atelier prouve que tout le monde peut faire de la musique.
Fanny, la chef de service, confirme : « Lors de cet atelier, on voit des personnes différentes. Des personnes qui ne chantaient pas chantent. Des résidents, qui ont du mal à bouger les membres, participent. On découvre des choses qu’on n’avait pas pu percevoir dans les autres ateliers. Un de nos résidents, d’habitude assez agité, est totalement différent durant l’atelier : calme, à l’écoute, concentré ! ». Ce moment, attendu avec impatience par les résidents, est une belle victoire pour le personnel de la maison.