Éric Ravel, cordonnier à Saint-Chamond, dans la Loire, est né un 14 juillet tout comme Lino Ventura. Depuis 42 ans, il collectionne de multiples objets liés à un homme devenu au fil des années son idole. Messager de cet héritage, il ne manque jamais une occasion de prêter ses pièces uniques pour faire vivre la mémoire du fondateur de Perce-Neige.
Il s’en souvient comme si c’était hier. C’est en regardant à la télévision « Touchez pas au grisbi », un soir de 1977, qu’Éric Ravel a découvert Lino Ventura. Une révélation pour cet adolescent passionné par l’équipe de football de Saint-Étienne. « Je n’avais aucune idée de qui il était. Et comme je n’étais pas fan de cinéma à l’époque, j’ignorais aussi que ce film était son tout premier. Mais il dégageait déjà un immense charisme ! » Dès lors, le jeune apprenti cordonnier cherche à en apprendre toujours davantage aussi bien sur la filmographie de l’acteur que sur ses engagements. Ses sources d’inspiration ? Principalement les magazines TV dont il découpe précieusement les articles.
Ainsi débute la constitution d’une fabuleuse collection. Aux premières coupures de journaux viennent s’ajouter progressivement des dossiers de presse, des photos utilisées dans les salles de cinéma et bien évidemment les affiches de films… Petit à petit, la collection privée d’Éric Ravel se développe pour devenir l’une des plus importantes du pays. À l’image de la générosité de son acteur fétiche, il décide d’en faire profiter les autres. Pour accueillir ses plus belles pièces, quoi de mieux que les murs de sa cordonnerie ! « C’est fantastique de pouvoir partager avec mes clients ma passion au quotidien. Cela crée de véritables liens avec les personnes ». Sa boutique attire ainsi un public de plus en plus large. Plus les années passent, plus les sollicitations affluent des 4 coins de la France. « Résultat, ma collection a voyagé à travers une vingtaine d’expositions consacrées à Lino Ventura. »
« J’entretiens un lien un peu particulier avec Perce-Neige puisque je suis voisin de la Maison de Saint-Paul-en-Jarez qui se trouve à quelques kilomètres de chez moi. J’étais présent dès la pose de la première pierre. J’ai photographié jour après jour l’évolution du chantier. Lors de l’inauguration en 2009, j’ai eu le grand bonheur de pouvoir présenter le fruit de mon travail aux nombreux invités et bien évidemment aux résidents. C’est vraiment unique de voir leurs visages s’éclairer. » Désormais, Éric suit l’actualité de ses voisins et répond présent quand il s’agit de soutenir la Fondation, notamment en prêtant des objets de sa collection.
Son enthousiasme se révèle également communicatif. « Je parle naturellement avec mes clients de Lino Ventura et de l’engagement très concret de la Fondation. » Et cela se révèle très inspirant. Exemple avec une personne qui a réalisé un don de 1 000 € suite à des échanges dans la cordonnerie avec ce très dynamique collectionneur. « C’était touchant parce que mon client a remis son chèque en ma présence devant les résidents de la Maison de Saint-Paul-en-Jarez. C’est très émouvant de constater que la mémoire de Lino continue de vivre chaque jour dans toutes les Maisons Perce-Neige à travers la France, 32 ans après sa disparition. Je pense que l’explication est simple. Lino a su prouver – lors de son appel historique à la télévision – qu’il n’y a pas de petit ou de grand geste. Chaque initiative, chaque don est utile pour soutenir les personnes en situation de handicap. C’est sûrement pour cela que l’on a tous l’impression que cet immense acteur est toujours parmi nous. »
Oeuvre réalisée par l’artiste peintre Fabrice Prenat