Elle dessine, chante, et joue de la guitare, du piano ou de la harpe. Originaire de Mongolie, Enkhjin a appris la musique seule, en autodidacte. Mais depuis le début de l’année, cette jeune femme autiste suit des cours au conservatoire de Bourg-la-Reine.
Pour réaliser ce portrait d’Enkhjin, nous avons rencontré Stephan Durand, qui dirige la Maison Perce-Neige de Bourg-la-Reine (92).
Comment Enkhjin a-t-elle été mise en relation avec votre Institut Médico-Educatif (IME) ?
L’hôpital de jour parisien où elle se rendait régulièrement connait bien notre établissement et notre projet autour du développement artistique. Elle a donc été orientée ici dans ce but, car ses dons pour la musique étaient évidents. Avant d’arriver à Bourg-la-Reine, elle avait déjà appris à jouer du piano, juste à l’oreille. Puis pendant la crise sanitaire en 2020, elle s’est mise à pratiquer du yatga, instrument traditionnel mongol. Comme nous avons à disposition de nombreux instruments dans la Maison, elle a aussi appris à maîtriser la guitare et le ukulélé.
Vous avez noué un partenariat avec le conservatoire…
Oui, pour qu’elle se perfectionne, elle qui a découvert la musique seule. Là-bas, les enseignants lui ont d’abord fait essayer la clarinette, la harpe, les percussions afin qu’elle choisisse. Elle s’est décidée pour la harpe, avec un cours une fois par semaine.
Est-ce difficile pour les professeurs de communiquer avec elle ?
Elle s’exprime verbalement mais inverse souvent les mots. Il y a des codes pour entrer en contact avec Enkhjin. Pour l’instant un éducateur l’accompagne toujours au conservatoire. Jusqu’au moment peut-être où elle pourra y aller en toute autonomie.
Vous parlez d’Enkhjin en disant que c’est une “artiste totale”. Pourquoi ?
Parce qu’elle dessine aussi. Ses autoportraits sont sidérants de précision. Durant la journée, lors de temps informels, elle fait des gammes au piano, et compose des airs ; quelquefois elle se filme et réalise ensuite des montages en utilisant les tablettes numériques qui sont à la disposition des résidents. Elle récupère des images, des bouts de dessins animés et incruste tout cela dans des petites vidéos. Enfin, elle participe à plusieurs chorales : elle chante dans « Les Vives Voix », qui rassemble de jeunes autistes de différents établissements autour d’un répertoire lyrique, mais interprète également un registre plus pop et variété au sein de notre propre chorale.
La musique lui fait-elle du bien ?
Son univers créatif en général l’apaise. Car Enkhjin est très exigeante, elle a parfois du mal à comprendre le monde autour d’elle. Et comme elle prend tout au premier degré, ses manifestations sonores peuvent être très fortes. Alors que lorsqu’elle joue ou chante, elle est plus calme. Elle est toujours soucieuse de la réaction du public et adore être sur scène et chaleureusement applaudie !
Retrouvez ce témoignage dans le Magazine de juin de la Fondation, page 11.